Covid-19: le transport aérien africain pris dans une zone de turbulence

L’aviation civile africaine paiera un lourd tribut au Covid-19. En effet, L’IATA évalue à 6 milliards de dollars les pertes qu’enregistrera le secteur cette année. Selon l’organisme qui est cité par Le Journal de l’Aviation, le Coronavirus devrait faire baisser de 51% le trafic aérien. Avec pour conséquence induite un manque à gagner de 28 milliards de dollars pour l’économie du continent et la mise au chômage de 3,1 millions de personnes dans l’aviation et les secteurs d’activité qui y sont liés. 

Alors que la reprise s’amorce timidement, les compagnies sont loin d’avoir trouvé un modèle viable. Si certaines pratiquent le modèle dit du “siège vide du milieu” afin de respecter la distanciation sociale, cette option leur coûte cher. En effet, elle assure au mieux un remplissage à 62% des appareils alors que le seuil de rentabilité pour un vol tourne autour de 77%. Pour compenser, les compagnies seront donc contraintes de revoir les prix à la hausse et le coût moyen d’un vol sera désormais de 259 dollars, soit une hausse de 43%. 

Pour l’IATA, cette option marquerait la fin des vols à coûts abordables sur le continent; alors même que ce combat a été celui longtemps mené par le secteur aérien continental. Signe de l’époque, en avril dernier, la South African Airways a mis en liquidation provisoire sa filiale Low Cost SA Express. Mais d’autres compagnies sont dans la tourmente à l’image d’Air Mauritius, Comair  ou encore Air Burkina. Des géants continentaux comme Royal Air Maroc ou encore Ethiopian Airlines sont violemment secoués. D’ailleurs, cette dernière essaie de se trouver un nouveau souffle dans le fret. Et pour les experts, l’orage n’est pas prêt de passer puisque l’IATA indique que selon un sondage qu’elle a mené, « 40 % des voyageurs aériens indiquent qu’ils pourraient attendre six mois ou plus avant de recommencer à voyager après l’endiguement de la pandémie ; 69 % indiquent qu’ils pourraient retarder la reprise des voyages jusqu’à ce que leur situation financière se stabilise. »

En pleine zone de turbulence, le transport aérien peut néanmoins compter sur le soutien des autorités continentales. Ainsi, le président ghanéen a-t-il récemment appelé à la mise en place d’un “Plan Marshall” pour les compagnies africaines. Les secours arriveront-ils à temps ? Les compagnies, elles, continuent d’envoyer des S.O.S.

Aaron Akinocho